3.06.2021

Catholique a ecrit :

 Cher Wahrani,

Echanger avec vous est une joie et un honneur. Savez-vous que j’apprécié tellement notre conversation qu’elle fait partie de mes petits plaisirs hebdomadaires : après avoir pris connaissance de votre message, je prends beaucoup de plaisir à préparer une réponse, en sirotant mon sacro-saint café…et je suis très heureuse de savoir que nous avons des lecteurs qui prennent plaisir à suivre notre conversation !

Vous soulevez un sujet d’étude bien connu désormais des historiens, fascinant à bien des égards et où je reconnais que je n’ai pas toutes les réponses mais, à dire vrai, nous sommes nombreux à ne pas les avoir.

Ma réflexion partira d’un livre de François Blanchetière, « Les premiers chrétiens étaient-ils missionnaires (30-135) ? » dont voici un extrait capital :

« En résumé, que des non-juifs aient été attirés par le mode de vie juif est indéniable. Mais qu’il y ait eu des prosélytes n’implique nullement que des juifs se soient faits « missionnaires ». De même l’existence d’un « prosélytisme » (au sens moderne du terme) ad intra ne pose pas problème. En revanche, un prosélytisme ad extra est beaucoup plus problématique pour l’époque de la fin du Second Temple et l’ère des Tannaïm, soit les deux premiers siècles de l’ère commune », p. 103

A l’époque de l’apparition du christianisme, le judaïsme, que l’historiographie appelle « judaïsme ancien » est divisé en plusieurs courants, qui se détestent parfois et se discréditent mutuellement. Les pharisiens méprisent les sadducéens et les gens du peuple : les premiers parce qu’ils n’acceptent que le Pentateuque et le culte au Temple comme fondement de leur pratique juive ; les seconds parce qu’ils observent peu ou mal ou pas du tout les commandements de la Torah. Les esséniens vivent à l’écart de tout et de tous, pour protéger leur pureté rituelle et celle de leur foi millénariste. A l’intérieur du judaïsme, chacun tente de rallier tel ou tel à sa faction, persuadé qu’il est d’être détenteur du seul judaïsme « valide ». Mais, il n’y a pas de juifs qui chercherait à convertir un païen au judaïsme. Pour une raison évidente : le judaïsme s’appuie sur une révélation nationale, l’Alliance n’appartient qu’aux fils de Jacob.

Pour les premiers chrétiens, qui n’en demeuraient pas moins juifs, l’Evangile était l’accomplissement de toutes les prophéties de la Bible, dans la personne d’un autre juif, Jésus-Christ, circoncis et observant des commandements comme eux-mêmes l’étaient. 

Pourtant, à un moment, l’Evangile va s’affranchir du judaïsme et l’annonce de la Bonne nouvelle va être ouverte aux païens. C’est nouveau, c’est une rupture radicale et cela n’a rien en commun avec quelque chose qui aurait existé déjà dans le judaïsme. C’est révolutionnaire et cela a suscité des résistances, des tensions, des incompréhensions dont les textes témoignent, les Actes des Apôtres et les lettres de Pierre, Jacques et Paul.

Pourtant, les apôtres ont pu puiser dans la merveilleuse pédagogie de Jésus-Christ, pendant son ministère public pour oser s’affranchir des traditions ancestrales et même, des préjugés négatifs à l’égard des non-juifs. Si la prédication de Jésus s’effectue en priorité en direction des juifs, ses rencontres avec les non-juifs sont souvent bien plus importantes et développées : c’est avec la Samaritaine (Jean 4) ou avec la syro-phénicienne que le Seigneur s’attarde pour une conversation qui se transforme en conversion vraie. Il admire la foi du centurion et en fait l’éloge, là où parfois il ne prend pas le temps de s’attarder avec des juifs, pharisiens  ou sadducéens. Mais déjà, les fondements de l’universalité de l’Evangile avaient été posés par le Christ lui-même.

Ce n’est pas Paul qui va baptiser en premier un non-juif, c’est Pierre (Actes 10) qui baptise Corneille et les siens et déjà cette initiative va susciter des incompréhensions de la part des responsables de l’Eglise de Jérusalem.

Paul s’inscrit en fait dans les pas de Pierre, ce n’est donc pas lui qui a « inventé » le baptême des non-juifs.

Le concile de Jérusalem, en 49, tourne moins autour de la conversion des non-juifs que du problème de la commensalité. De fait, les jeunes communautés chrétiennes rassemblent des chrétiens d’origine juive et païenne. Les uns, encore attachés à leurs prescriptions rituelles, continuent à manger casher quand ceux d’origine païenne ne sont pas tenus par ces usages. Cela occasionnait des difficultés pratiques pour le partage du repas en commun qui se pratiquait encore : les uns ne pouvaient pas manger ce que les autres proposaient.

J’arrête là pour le moment, je reviendrai sur certains points si Dieu veut.

Avec toute mon amitié !

Catholique


Wahrani a ecrit :

 Bonjour Chère Catholique,

Une grande partie de votre dernier commentaire visait un terrain que je n'ai jamais pensé occuper, et je suis largement ignare en matière l’iconographie chrétienne, mon intervention en cette manière ne serai que bref, car très souvent j'ai entendu parler, que c’est une étonnante richesse culturelle et une profondeur spirituelle de l'église catholique qui a été gardé la mémoire pendant des millénaires Ils étaient magnifiques. Plus je découvrais cet art, plus j'en suis étonné tout ce précieux héritage toute la panoplie singulière et ravissante du christianisme antique.

Merci pour ces merveilleuses images, j’estime que quelque que soit le langage ou la religion, les travail de l’artiste reste universelle.

Dans mon précèdent commentaire, j’avais évoque le culte des Saints mystères, des statues, des icônes et des images. Dans la lecture des écrits de Jean Damascène, il reste un exemple, qu’il était favorable aux iconoclastes, il montra la nécessité de la vénération des saintes icônes et des reliques, selon ses propos elle est une proclamation de la réalité de l’Incarnation du Fils de Dieu et de la déification de la nature en la personne des saints. Aussi, Jean composa des nombreuses hymnes, dont le contenu reprenait les plus profondes spéculations théologiques des Pères de l’Église. C’est lui qui composa le canon que chante les chrétiens à Pâques et la plus grande part des hymnes de l’Octoèque en l’honneur de la Résurrection.

Le culte a été entériné lors du second concile de Nicée. Le regard sur l’icône devient méditation de la Parole de Dieu ; dans la liturgie le Catéchisme appuie ses affirmations :

« Pour dire brièvement notre profession de foi, nous conservons toutes les traditions de l’Église, écrites ou non écrites, qui nous ont été transmises sans changement. (Parmi celles-ci) la représentation picturale des images s’accorde avec la prédication de l’histoire évangélique ; (et nous croyons) que, vraiment et non pas en apparence, le Dieu Verbe s’est fait homme. (Toutes ces) choses qui s’éclairent mutuellement ont indubitablement une signification réciproque…(Aussi) nous définissons en toute certitude et justesse que les vénérables et saintes images, tout comme les représentations de la Croix précieuse et vivifiante, qu’elles soient peintes, en mosaïque ou de quelque autre matière appropriée, doivent être placées dans les saintes églises de Dieu, sur les objets et vêtements sacrés, sur les murs et les tableaux, dans les maisons et sur les chemins, aussi bien l’image de Notre Seigneur, Dieu et Sauveur, Jésus-Christ, que celle de Notre-Dame, la toute pure et sainte Mère de Dieu, des saints anges, de tous les saints et des justes. »

Les statuts juridiques du saint sont redéfinis.. Lors de la canonisation, la vénération est étendue à toute la chrétienté. Dans tous les cas, le droit de réserve du pape est absolu. C'est lui qui officialise le nouveau culte à la suite d'une procédure complexe.

Chère Amie, je voudrai faire ici un petit détour à propos d’une Béatification des Religieux Chrétiens mort en Terre Musulmane 1994 et 1996, qui s’est déroulé dans ma Ville en 2018, j’avais à cette époque publié une lettre ouverte pour dénoncer cette béatification. Ci-dessous le lien en question :

https://www.alterinfo.net/Lettre-ouverte-a-Mgr-Jean-Paul-Vesco-Eveque-au-Diocese-d-Oran_a139212.html

Mais l’église n’a pas répondu !!!!!!!!

Avec mes amitiés

Wahrani


Wahrani a ecrit :

Bonjour Chère Catholique

Notre débat semble chauffer, je voudrais simplement réitérer mon amitié pour votre volonté de vous engager dans ce débat. Beaucoup de gens semblent le trouver très utile, mais d'abord, un peu de ménage, je voudrais dire que c'est un  véritable sempiternel débat entre la passion et la raison, entre votre foi (qui ne repose que sur elle-même et des textes dits inspirés supposant eux-mêmes la foi), et mon analyse critique des sources qui conduit vers des domaines où je pense que vous et moi ne serons pas d'accord. Si j'ai mal interprété quelques approches biaisées des faits, veuillez trier les choses pour moi.

Je maintiens cette affirmation. Les cultes à mystères antiques étaient accessibles en plus du statut social, de l’âge et visaient un changement intérieur, une transformation de l’âme, donc la plupart des pères apostoliques venaient du monde païenne, seul leurs écrits ont été des catéchismes et ont initié la liturgie : Clément de Rome, Ignace d’Antioche, Polycarpe de Smyrne, Barnabé, le Pasteur d’Hermas.

J’ai une vision très différente de bon nombre des sujets que vous avez soulevés,  Paul inclus. (Je pense que Nietzsche avait raison quand il a écrit: "L'exemple le plus pitoyable: la corruption de Paul, qui croyait à la corruption de sa raison par le péché originel alors qu'elle n'avait en fait été corrompue que par son christianisme.")

Il n'y a aucun moyen d’esquiver le fait que les pères apostoliques, Paul  et tous les autres chrétiens ont fait une publicité sur la validité spéciale du christianisme, considérer que Paul de Tarse, qui vécut au premier siècle de l’ère chrétienne, comme véritable apôtre de Jésus, ce serait réécrire l'Histoire du  message du Christ (pour ne pas dire le Christianisme) !

Les preuves apportées à l'appui de la doctrine chrétienne les saints accomplissent des miracles, des résurrections, des écris inspirés, des effets d’adoration, un amour inconditionnel, etc.…

Toutes ces déclarations sont soit tout aussi convaincantes soit également faux. Si le christianisme a raison, toutes les autres religions ont tort. Les chrétiens se sont engagés à ce qui suit (au moins): Jésus était le messie (donc les Juifs ont tort); il était divin et ressuscité (donc les musulmans ont tort –

"Jésus fils de Marie, le messager d'Allah - ils ne l'ont pas tué ni crucifié, mais il leur est apparu ainsi"(Coran, 4: 157); 

Mais, bien sûr, les chrétiens n'ont pas de meilleure raison de penser qu'ils ont plus raison que les juifs ou les musulmans.

À votre avis, cela augmente-t-il même légèrement la probabilité que le Livre de Mormon ait été livré sur des plaques d'or à Joseph Smith Jr. (ce gourou très excité et sans scrupules) par l'ange Moroni? 

Est-ce que tous les bons païens à travers l'histoire suggèrent que le mont Olympe regorge de dieux invisibles? 

Tout d’abord, je tiens à signaler que la mouvance des craignant Dieu, porte sur des païens attirés par le judaïsme et vivant en son milieu mais sans avoir fait le pas de la conversion à la différence des prosélytes, ils fréquentent la synagogue et lire la Torah : on les appelle les sabbatisants ou Craignant-Dieu.

Le centurion Corneille  est l'un de ces Craignant-Dieu, comme l'est probablement Luc, auteur de l'Évangile selon Luc et des Actes. Quant aux pères aposlitiques, aucun d’eux n’était un craignant dieu, à l’exemple du Pasteur Hermas n'est connu que par les détails autobiographiques que contient son œuvre : Le Pasteur ; esclave de naissance, affranchi par la matrone qui l'avait acheté, il se serait adonné au commerce. Ayant perdu ses biens à la suite d'une dénonciation portée contre lui par ses propres fils, il aurait alors fait pénitence. Il se déclare contemporain de Clément de Rome

Les premiers prosélytes que les Apôtres firent parmi les Juifs, comme il est dit, s’appelèrent Nazaréens ou Ebionites ; Ceux-ci crurent en Jésus, sans pour cela renoncer à la Loi de Moise, ils regardaient Paul comme un hérétique ou comme un Apostat.

En effet ce nouvel prétendu Apôtre ne tarda pas à se séparer de ses confrères, à prêcher une doctrine différente de la leur, à saper ouvertement le Judaïsme que   Pierre, Jacques, et tous les autres chefs de l’Église persistaient à respecter. Mais comme Paul eut du succès chez les Gentils, son parti l’emporta : le Judaïsme fut entièrement proscrit, le Christianisme devint une Religion toute nouvelle dont le Judaïsme n’avait été que la figure.

Ainsi Paul changea totalement le système religieux de Jésus Christ, qui ne s’était proposé que de réformer le Judaïsme, qui avait fait profession de la Loi de Moise, qui avait déclaré être venu pour l’accomplir, et non pour l’abolir.

Les principaux Apôtres suivirent la conduite de leur Maître et se montrèrent fort attachés à la Loi et aux usages de leurs Pères : Paul, nonobstant leurs protestations, prit une route différente ; il montra du mépris ou de l’indifférence pour les Lois, auxquelles nous trouvons pourtant que par intérêt il se soumit quelquefois lui-même. C’est ainsi que nous voyons qu’il circoncit Timothée, et qu’il fit des cérémonies Juives dans le temple de Jérusalem. Pas content de décrier la Loi de Moise, Paul, de son propre aveu prêchait un Évangile à lui ; Il dit que l’Évangile qu’il prêche n’est point des hommes; qu’il l’a reçu par une révélation particulière de J. C.

Il parle encore de ses démêlés avec les autres chefs de la secte, sur lesquels son Disciple Luc passe très légèrement dans les Actes, qui sont bien plus les Actes de Paul que les Actes des Apôtres. Il paraît évident qu’il se brouilla avec ses confrères, partisans de la Circoncision et fondateur des Nazaréens ou Ebionites, c’est à dire, des craignant-Dieu et prosélytes à Jésus.

Bien plus, Irénée, Justin, Epiphane, Eusèbe, Théodoret,  et Augustin s’accordent à nous dire que ces Ebionites, ou Juifs convertis, regardaient Jésus comme un pur homme, fils de Joseph et de Marie, à qui l’on ne donnait le nom de fils de Dieu, qu’à cause de ses vertus.

Il paraîtrait que c’est Paul qui a déifié Jésus et aboli le Judaïsme. Les Paulites devenus les plus forts l’emportèrent sur les Ebionites, ou Disciples des Apôtres et les traitèrent d’hérétiques  d’où l’on voit que c’est la Religion de Paul et non celle de Jesus Christ. Quiconque pense qu'il sait avec certitude que Jésus est fils de Dieu. Soit il se ment à lui-même, soit à tout le monde. En aucun cas, de telles fausses certitudes ne doivent être célébrées.

Là ! Je pense que nous ne sommes pas d'accord, Du moins, c'est là que je prédis que vous viserez votre prochain feu rhétorique. Je me prépare. !!!!!

Aussi je reviens à votre argument central à mes yeux, à savoir que certains historiens voient dans l’Islam et le Coran des vestiges de sources judéo-chrétiennes.

J'ai une explication rationnelle et habituelle à cela, pendant une grande partie de l'histoire de l’Islam, les théories circulent, toutes les religions monothéistes appartiennent à la même tradition sémite, et l’islam est venu rénover cette tradition. Il fut une révolution en son temps contre cette tradition, révolutionnée, reproduite au nom d’un retour à la tradition abrahamique. En un sens, la tradition judéo-chrétienne se retrouve dans l’islam, mais renouvelée et actualisée. Et n’oubliez pas que le monothéisme est une seule et même souche; c’est dans les détails que se distinguent les religions, les unes par rapport aux autres.

On se rappelle qu’en tant que Sceau de la prophétie et de la Révélation, notre Prophète a tout fait, dès l’avènement de l’islam, pour rallier sous sa bannière les adeptes des autres révélations abrahamiques, la source du message islamique étant la même que la leur, notre religion se voulant un retour à la tradition véritable d’Abraham. Or, sa main tendue fut rejetée et il fut combattu comme une hérésie,  mais il s’est imposé, envers et contre tous, grâce surtout à sa vision humaniste et ses principes magnifiant la condition de l’Homme en tant que créature éminemment libre et raisonnable de Dieu.

Le but de l’Islam est donc bien moins de glorifier un quelconque conservatisme qu’à amener à s’en libérer et à vivre sa religion plus paisiblement en acceptant l’autre, notre semblable, et non plus en le rejetant, comme c’est le cas aujourd’hui,   alors qu’on baigne dans la même tradition  et de l’interprétation de notre foi afin qu’elle garde son cachet inimitable, celui d’une religion toujours révolutionnaire, et de ses visées sublimes !

C'est pourquoi, plus que jamais, un grand besoin de démythification se fait sentir. Une nouvelle interprétation est nécessaire et urgente, ainsi qu'une révision critique et historique des textes hébraïques et chrétiens. Le judaïsme qui existe aujourd’hui est la branche du judaïsme antique qui a refusé de reconnaître en Jésus le Christ, ce Messie que les Juifs avaient plutôt imaginé chef de guerre. Ayant échoué à s’étendre sur le monde entier, le judaïsme se replia sur lui-même : du monothéisme, il est aujourd’hui celui auquel il est le plus difficile de se convertir et d’intégrer la communauté, tant le souci de préservation de l’identité et de la tradition religieuses semble exiger de n’admettre que des individus apportant suffisamment de garanties d’une conversion profonde, ce qui fait que cette religion reste bien timide et pleure énormément sur son passé et la malédiction qui l’a toujours frappée.

Ainsi l’Islam reste dans une meilleure position par rapport aux autres religions, car il présente  la continuité dans le Renouvellement.

Chère Amie, relisez le Coran sans à priori et vous verrez certainement mieux ce à quoi il vise.

Avec mes amitiés

Wahrani


Catholique a ecrit :

Bonjour Wahrani,

Je continue ma réponse…

Non, bien sûr que non…Les cultes païens étaient variés dans leur forme et l’on ne peut comparer la religion d’Isis, celle des dieux olympiens ou encore de Mithra. Les sacrifices d’animaux étaient monnaie courante dans la plupart des cultes païens : vous avez vu récemment des chrétiens offrir des taureaux en sacrifice à un saint ou une sainte ?

Les saints des premiers siècles sont des martyrs qui ont été exécuté parce qu’ils avaient refusé d’apostasier leur foi chrétienne en offrant un sacrifice à l’Empereur, vénéré comme un dieu.

Puis, avec la fin de la persécution romaine et la christianisation massive de l’Empire, les saints vont essentiellement être les évêques qui ont tenu bon et protégé leur peuple dans les siècles du Haut Moyen Âge. Les saintes sont souvent des vierges consacrées et des religieuses. Le peuple chrétien reconnaissait souvent leur sainteté à la pureté de leur état de vie, aux grâces qu’ils obtenaient déjà de leur vivant. Une fois décédé, et en s’appuyant sur la foi en la communion des saints et la résurrection des morts, les chrétiens ont continué à compter sur la prière encore plus efficace des saints en leur faveur auprès de Dieu. Par leur intercession, les grâces, miracles, guérisons, obtenus ont fait naître la dévotion du peuple chrétien, pour tel(le) ou tel(le) saint(e). Il y avait une sainteté de fait, née de la dévotion spontanée des chrétiens.

Au Xième siècle, la réforme grégorienne va organiser une procédure de vérification et de validation du culte des saints, pour en canaliser les manifestations parfois inappropriées ou erronées : l’Eglise met en place le fameux procès en canonisation.

 

Merci Wahrani, d’avoir mis en photo d’illustration la célèbre gargouille pensive de Notre-Dame, c’est ma préférée !

Double non. Il n’y a pas de croyance aux monstres fantastiques et il n’y a pas de mythologie chrétienne. Il y a un Dieu unique et créateur qui s’est révélé à des humains qui ont transmis la foi en ce Dieu qui a voulu se faire connaître des hommes, et sauver leur âme.

Utiliser l’iconographie chrétienne pour y voir des résurgences païennes est une ficelle un peu grosse… Non, nous ne croyons pas aux monstres fantastiques mais il y a un monde spirituel qui n’est pas toujours ami de Dieu. Les démons s’opposent à Dieu de toutes leurs forces de vaincus.

Ce qui vous choque, c’est l’expression artistique d’une spiritualité qui a évolué au cours des siècles, combiné à l’illettrisme des fidèles.

Pour enseigner les fidèles, l’Eglise n’avait que les images représentant des scènes de l’Ancien comme du Nouveau Testament, ce qui a été l’occasion de développer un riche langage symbolique que l’on qualifie parfois de « catéchisme de pierre ». Vous trouverez facilement les grands chef-d ’œuvres produit parle génie artistique chrétien, les portails, les vitraux, les sculptures et retables exposés dans nos églises, les plus célèbres comme les plus modestes s’appuient sur ce langage symbolique.

Ces œuvres reflètent également l’objet de la spiritualité de la période ou des circonstances qui l’ont produite. La peur de l’enfer et du jugement sur laquelle l’Eglise a beaucoup trop fait fond a pris la forme que vous décrivez, avec des gargouilles et des démons qui tourmentent des damnés tordus de douleur.  Le Christ est représenté en majesté, cerclé de la mandorle de sa gloire divine (voyez le remarquable tympan de l’abbaye Sainte Foy de Conques).

Mais au 14ème siècle, qui est un siècle de grands malheurs, la guerre de Cent ans et la peste, vont infléchir la représentation artistique chrétienne : plus sensible à la fragilité humaine, la spiritualité chrétienne se focalise davantage sur le Christ, homme de douleurs. Un thème très connu et magnifique qui apparaît à cette époque, c’est la Pietà : la représentation du moment où le corps du Christ, descendu de la Croix est déposé entre les bras de Sa Mère. Il associe à la fois, le regard chrétien porté sur la Passion du Christ, avec l’amour chrétien pour la Sainte Vierge. LA plus connue et la plus sublime de toutes est indiscutablement celle de Michel-Ange, mais il en existe de nombreuses, dramatiques ou touchantes dans leur simplicité.

Avec mon amitié,

Catholique

Catholique a ecrit

Cher Wahrani,

Votre exposé est brillant et bien conduit et pour un large part, tout à fait exact et je le reconnais volontiers.

Mais il y a, dans votre bel édifice intellectuel, quelques inexactitudes et autres approchés biaisées des faits qui le rendent fragile.

Non, et vous allez bien vite en besogne. Être païen ne veut pas dire nécessairement être initié à un culte à mystères ; encore moins quand on est chrétien d’origine païenne.

Les premiers chrétiens étaient tous juifs. La prédication des apôtres s’est toujours systématiquement adressée aux juifs en premier. Le second cercle d’évangélisation était celui des «craignant-Dieu» : des païens qui, sans franchir l’étape formelle d’une conversion au judaïsme, étaient de fait monothéistes, adorant le Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob, et reconnaissant le contenu de la Révélation, à travers la Loi et les Prophètes.

Ces gens-là rejetaient le paganisme officiel comme celui s’exprimant dans les cultes à mystères, pour autant qu’ils auraient eu le moyen de s’y intéresser (présence d’une confrérie et d’un lieu de culte).

L’annonce de l’Evangile aux païens a été le lieu de la première crise dans l’Eglise, voyant s’affronter trois courants : l’ouverture large fondée sur le seul baptême (Paul) ; l’accès restreint fondé sur le baptême et quelques règles inspirées de l’alliance noachique (Jacques) et le passage obligé par la circoncision et le respect des commandements de la Torah (le judéo-christianisme ancien). Cette crise est présentée dans le livre des Actes des Apôtres et évoquée par Paul dans plusieurs lettres.

C’est la position de Paul qui va prospérer car elle est la seule qui offre une perspective d’avenir pour la jeune Eglise. La position médiane de Jacques va rapidement montrer ses limites et être abandonnée. Quant au judéo-christianisme ancien, il va se scinder en différents courants qu’on appellerait sectes, divisés par des divergences de vues sur la nature du Christ. Certains historiens voient dans l’Islam et le Coran des vestiges de sources judéo-chrétiennes.

Dans les lettres de Paul, la problématique des relations entre chrétiens issus de différentes traditions religieuses mais aussi des chrétiens avec leurs concitoyens païens se focalisent sur deux sujets : la consommation de viande et l’éthique sexuelle. C’est particulièrement évident dans la 1ère lettre aux Corinthiens : les chrétiens de Corinthe s’inquiètent de savoir s’ils offensent Dieu en mangeant des viandes qui proviennent des sacrifices païens. C’était le cas des viandes de boucherie qui provenaient de l’abattage des bêtes dans les temples : les pièces de boucherie qui n'étaient pas brûlé en sacrifice aux divinités étaient vendues au marché. Paul répond que les idoles et leurs sacrifices ne sont rien, mais que si cela doit gêner la conscience de chrétiens moins assurés, alors il ne faut pas prendre le risque de les choquer. Il évoque ensuite le respect du mariage entendu selon la vérité évangélique, autour de valeurs étrangères au paganisme : la fidélité, la monogamie stricte et les obligations réciproques des époux.

Ce qui est important, c’est de voir le souci des chrétiens les plus simples, vivant dans de grandes villes païennes, de ne pas donner prises à des pratiques païennes ou à donner un mauvais exemple de conduite.

Les Pères Apostoliques étaient soit juifs convertis au christianisme, soit issus de familles « craignant Dieu », monothéiste de conviction et se tenant à distance des pratiques païennes. Les Pères apostoliques sont issus de ce milieu et ont la connaissance qui va avec.

Plusieurs points les caractérisent : les pères apostoliques ont personnellement connu les Apôtres (Pierre et Jean, pour Polycarpe, Clément et Ignace) dont ils ont reçu de leurs mains, la charge de leur succéder à la tête de leur communauté (devant ainsi évêque). Ils ont une connaissance pointue de l’Ecriture : leurs écrits abondent de citations de l’Ancien Testament et enfin, une parfaite fidélité à l’Evangile. Ces apôtres, tous juifs, tous témoins de la Résurrection du Christ, auraient-ils toléré des demi-chrétiens  aux convictions mélangées de paganisme ?

Il y a enfin une dernière constante parmi eux : le martyre. L’Eglise a été persécutée, d’abord par les Juifs qui craignaient les représailles romaines en réponse à leur rébellion et qui ne voulaient pas reconnaître un messie humble et crucifié. Elle est venue ensuite des païens qui considéraient qu’ils étaient une menace pour l’ordre établi tant terrestre que divin.

Le peuple païen attribua à l’impiété des chrétiens diverses catastrophes tandis que le pouvoir impérial ne pouvait tolérer leur peu d’entrain au culte impérial. C'est pour leur répondre que Saint Augustin écrivit la "Cité de Dieu".

Ce qu’on reproche aux chrétiens, c’est de manquer d’esprit d’équipe et de loyauté, matérialisée par la participation au culte rendu aux divinités de la cité et à l’Empereur.  On demande peu de choses au chrétien en fin de compte : jeter quelques grains d’encens devant l’autel dédié à l’Empereur. Mais même cela, le chrétien le refuse comme une apostasie. Certains soudoient le magistrat et obtiennent des certificats de complaisance : c’est moche mais de fait, ils n’ont pas sacrifié à une divinité païenne. Et il y a ceux qu’on appelle les « lapsi », par peur, ils ont cédé, renié leur foi et ont regretté.

Ils vont poser un grave problème à l’Eglise de Rome : certains évêques sont favorable à une réintégration de ces renégats dans l’Eglise, sous réserve d’une pénitence sévère ; tandis que d’autres les considère comme en rupture définitive de communion.

Beaucoup préfèrent mourir que de renier leur foi en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. C’est dire que le souci constant des chrétiens a bien été de se tenir à distance des païens et de ne pas laisser leurs croyances et leurs rites polluer la pureté de leur foi. Ils ont préféré mourir plutôt que de laisser une pareille abomination se produire

Si les liens entre paganisme et christianisme étaient aussi étroits que vous le dites, personne n’aurait persécuté personne et les chrétiens auraient sacrifié aux divinités de leurs concitoyens et participé aux prières pour la protection de la cité et de son souverain, avant de retourner à leurs rites propres.

Non, Wahrani, ce qui motive la persécution chrétienne à Jérusalem par les autorités juives est la crainte de la répression romaine. Les premiers chrétiens annoncent Jésus, roi et Messie. Comprenant ce discours de façon terrestre, les autorités juives comme romaines d’ailleurs, voient dans les chrétiens, des séditieux qui rejettent l'autorité de César. Voyez le discours de Gamaliel en Actes 5, 33-40 ou encore la dénonciation calomnieuse dont Paul fait l’objet en Actes 17, 7. Ce qui fait bouger les juifs, c’est l’annonce d’un messie crucifié, leur stratagème consiste à manipuler les autorités romaines en leur parlant un langage que les gouverneurs locaux comprennent : contester le pouvoir de César au profit d’un autre roi. Ils obtiendront la persécution au terme d’un jeu de dupe où chacun voit midi à sa porte.

Non. Les saints de l’Antiquité sont précisément et majoritairement ceux qui ont préféré mourir plutôt que de renier leur foi. On les qualifie généralement de « confesseur » au sens de ceux qui ont confessé, reconnu la foi chrétienne comme seule vraie foi et qui ont été exécuté pour cela.

Les démons sont des anges déchus, qui ont suivi Satan dans sa révolte.

Non, la fête des Rameaux célèbre l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem, la foule ayant agité des palmes à son passage. 

Voyez Mt 21, 1-11 mais aussi 2 Macchabées 10, 7.

L’Eglise a en effet, toléré des pratiques de fêtes populaires qu’il était difficile d’éradiquer. Le Carnaval a bien des visages et cette inversion annuelle et traditionnelle des rôles dévolus à chacun dans une société se retrouve dans de nombreux folklores aux 4 coins du monde. Comme son nom l’indique, le carnaval, c’est « l’adieu à la viande »…juste avant le Carême où l’abstinence de produits carnés est de rigueur pendant 40 jours. On pourrait le voir comme une sorte d’anti-Carême, de moyen d’extérioriser toutes les pulsions sauvages que l’on essaiera de maîtriser durant le temps de pénitence

On s’y perd un peu dans le mélange des genres que vous faites…Il nous faudrait faire appel aux ressources de l’anthropologie, de l’ethnologie, de la psychologie et de l’iconographie pour commencer à saisir la portée des manifestations que vous citez ici. J’y reviendrai, si Dieu veut.

Je vous souhaite une belle journée !

Catholique


9.26.2020

Wahrani a ecrit

 

Bonsoir Chère Catholique

Nous voici donc parvenus au coeur de notre réflexion !!

D’un côté, Wahrani qui note que le Christianisme a trouvé ses racines dans le paganisme antérieur pour les étendre à son dogme et à la vie sociale; d’un autre côté Catholique qui dit et conteste que les liens établis entre le paganisme et le christianisme des premiers siècles sont factices, afin de donner à la vie chrétienne tout le caractère luxuriant, mais en plus Catholique reconnaît quelque peu qu’en apparence, ça se ressemble ; quand on creuse, les différences sont nettes et tout s’effondre.

Alors pour être honnête, sans prétendre apporter des éléments nouveaux pas plus que des faits historiques, et c’est à partir de cette apparence de ressemblance que je tenterai de décrire la situation exacte du christianisme, au 1er siècle et surtout je tenterai au mieux de répondre à tous vos questionnements :

Tel père apostolique, tel évêque était-il initié à un culte à mystères ?

Très certainement, car presque tous étaient issus d’un milieu païen !!!!!!

Au premier siècle, l'ancienne religion de Rome n'avait plus beaucoup d'impact, et par suite de la conquête du Moyen Orient et de l'Egypte, toutes sortes de divinités nouvelles s'introduisent  Cybèle, Isis, Baal, Mithra. Pour les autorités romaines, à chacun de choisir le culte qu'il désire, dans la mesure où les structures de l'Etat et de la Cité seront respectées. Donc la région   était pleinement sous l’influence des religions païennes.

Il me semble qu’à juste titre la citation ci-dessous est assez illustrant quant à la position des premiers chrétiens.  «On ne naît pas chrétien, on le devient », écrivit Tertullien.

 

Ces mots pourraient nous situer qu’à son époque c'est-à-dire la fin du 2ème siècle, la grande majorité des croyants n’étaient pas les enfants de parents chrétiens, mais des gens nés païens, venus au christianisme par une conversion. La première communauté chrétienne établit à Jérusalem, relève toujours du judaïsme mais ajoute aux pratiques religieuses traditionnelles quelques rites commémorant Jésus, ce qui dérange fortement le Sanhédrin juif qui alerta les autorités romaine, ce qui amène une large persécution envers des nouveaux chrétiens.

Les chrétiens quittent alors la Palestine et rejoignent les régions païennes de l'Empire Romain où ils vont essayer de vivre en cachette leur foi en Jésus. L’histoire nous rapporte que les premières communautés chrétiennes étaient constituées de toutes sortes de personnes, sans distinction de classe ni de condition. Donc la majeure partie des chrétiens des premiers siècles étaient des gens d’humble condition, et c’est dans ce sens que l’écrivain Celse se moquait avec mépris de ses pécheurs, ses charpentiers, ses tisserands, de ses cordonniers, de ses laveuses et autres personnes sans culture, qui propageaient leur Foi en Jésus.

Les premiers chrétiens ont subi de dure épreuve des persécutions mais également à l’intérieur, une rude épreuve de division qui allait saper la foi chrétienne, un judéo-christianisme hérétique qui niait la divinité de Jésus-Christ et une forte l’hérésie gnostique dont le  représentant le plus notable du gnosticisme chrétien fut Marcion.

Souvent issus du paganisme eux-mêmes et convertis au christianisme, les Pères apologistes défendent d'autant mieux leur foi qu'ils exposent ainsi, depuis la fin du 1er siècle aux débuts du 2ème siècle. Parmi eux figurent Clément de Rome, Ignace d’Antioche, Hermas, de culture grecque, les écrits des Pères apostoliques (Clément de Rome, Polycarpe, Ignace d'Antioche, Hermas, Saint Irénée, Tertullien, Saint Cyprien, etc.…) sont, dans leur forme et leur contenu, tributaires aux écrits hébraïques et constituent le troisième ensemble de textes fondateurs du christianisme, après l’Ancien Testament et le Nouveau Testament.

Théophile d'Antioche, de parents païens, avait une éducation grecque. Ce n'est qu'après avoir atteint l'âge adulte qu'il se convertit, à la suite d'une étude de l'Écriture.

Par ailleurs, le christianisme qui pénètre un monde païen, de langue grecque, va subir l'influence de la pensée grecque. Clément de Rome emprunte naturellement à la langue grecque la forme littéraire, les images,   les sujets philosophiques, et jusqu'à l'idéal moral dans lesquels ils expriment désormais le message chrétien.

Par les Pères de l’Église, on évoque le plus souvent les noms d’Origène, Augustin,  Athanase et   Cyrille, et de bien d’autres encore, à l’image de la culture des ces Pères toute l’activité de la nouvelle l'Eglise, se déroule en langue grecque.

Durant les périodes des Pères apostoliques, une véritable confrontation des valeurs chrétiennes et païennes s’est engagée. Il convient de noter que le christianisme lui-même, et cela depuis l'Antiquité, a utilisé tout ce qui, autour de lui, dans le monde païen, qui lui paraissait susceptible d'embellir sa foi ou de servir son expansion, alors que c’est aux rites et à la communauté qui engendre l’appartenance païenne.

Les dernières vagues de persécutions ont lieu au IIIe siècle, puis, au IVe siècle, l'empereur Constantin favorise le christianisme en multipliant les lieux de culte et en élaborant  l'édit de Milan révélateur d'une politique impériale  chrétienne

Cet édit annonce la fin du paganisme, définitivement aboli en 391 par l'empereur Théodose.

Formant à leur tour la majorité religieuse dans l'Empire, les chrétiens deviennent intransigeants à l'égard de toute trace de paganisme et prennent un soin méticuleux à l'éradiquer, au besoin par la force. Par  la  suite  l'église  chrétienne  devint  dominante  et  assimila  de  nombreuses  coutumes  païennes  dans  l'ensemble  des  observances  annuelles. Le calendrier liturgique chrétien a trouvé sa légitimité auprès de son peuple à la suite du Concile de Nicée, en 325, harmonisant les dates de célébration de Pâques, en inventant un dispositif permettant de copier le calendrier chrétien sur le temps du paganisme européen : Noël, Pâques, l'Ascension et la Pentecôte prirent alors naissance.

Le christianisme, qui avait recruté ses premiers fidèles parmi les groupes infimes de la société, renonça d'abord à priver ces derniers d'une fête populaire si profondément ancrée dans la culture alors il avait opté pour un moyen de lutter contre les rites païens en les intégrant permit les siens, par la suite  reste à l’église de les contrôler et de les orienter.  Alors,  les  noms  furent  changés, et  l'église inventa  des  interprétations  pour  expliquer  les  significations  des  fêtes.

Les  divinités  païennes  devinrent  les  saints  ou  les  démons dans le calendrier christianisé.

Le monde chrétien fut ainsi rempli des réapparitions de la mythologie antique, des croyances issues de la religion romaine, aussi bien qu'héritées des coutumes païennes telles que les étrennes du Ier janvier, les feux de la Saint-Jean une fête christianisée pour célébrer, grâce aux feux de la Saint-Jean, la lumière de l'été.

Ne serait-il pas aisé de démontrer que les religions païennes, en disparaissant avaient laissé derrière elles une foule de conceptions populaires, toujours vivaces, profondément enracinées dans les esprits?

Le culte des saints était pour ainsi dire calqué sur l'ancien culte des dieux !!

Il est bon aussi de posséder des reliques c'est-à-dire des restes du saint ou des objets qui lui ont appartenu !!!!!

Le dimanche des Rameaux. Cette fête étrange célébrée, en mémoire de l'ânesse qui se trouvait dans l'étable où Jésus vint au monde ou de celle qui le portait quand il fit son entrée à Jérusalem le dimanche des Rameaux

Pendant tout le Moyen Âge, le Carnaval, adopté et protégé par l'église, étala en plein jour ses fantaisies les plus grossières et les plus monstrueuses les fêtes du carnaval étaient le plus souvent de vraies orgies : les déguisements d’un sexe en un autre, et même les déguisements de l’Homme en bête, donnaient lieu à des scènes et à des épisodes déplorables pour la morale.

Une Fête des Fous qui s’avère une continuation des Saturnales païennes !!!!!

Ce qui est étrange, c'est que le Carnaval et la Fête des Fous sont  d'origine sacrée !!!!!

Ceci semble évident, si l‘on considère la  récupération des traditions en particulier celles des peuples convertis au christianisme.

La croyance aux monstres fantastiques qui constituent une partie de la mythologie chrétienne, et qui avaient leur source les traditions de l'Antique  pour créer tout un monde d'êtres fantastiques. C’est que qui est visible sur les Cathédrales, que de nombreuses œuvres, sculptures, le diable en chimère et gargouille érotique est partout, mais également avec ses auxiliaires impies, des sculptures coquines, des chapiteaux montrant des scènes franchement sexuelles.

Alors quel est le sens de ces gargouilles à caractère impudique à un lieu de culte devenu par les mains de ses sculpteurs représentant l’esprit maligne diabolique sur les nombreuses enceinte et les statues qui dévoilent les vices cachés de l'Eglise.?

En final, chère Catholique, sans pouvoir me tromper je dirai  que des ressemblances formelles ne forment pas des coïncidences  mais des correspondances et des rapprochement évidents.

Avec mes amitiés

Wahrani.

Catholique a ecrit

 

Cher Wahrani,

Les liens établis entre le paganisme et le christianisme des premiers siècles sont factices. Par exemple, vous écrivez :

Cette idée repose sur un ouvrage écrit au 19ème siècle par un occultiste du nom de Gérald Massey, «The historical Jésus and the mythical Christ». Autant dire des affirmations privées de tout fondement, de tout accès à la connaissance par la littérature ou l’archéologie.

Une étude plus poussée permettrait d’établir les nombreuses différences formelles et mythologiques entre les divinités que vous citez. Osiris, le « dieu vert », était le dieu de la fertilité. Dionysos, celui du vin. Attis était le parèdre de Cybèle ; quand Isis est l’épouse d’Osiris. Ajoutons-y, au fil des époques, les variations dans la forme du culte et les transformations des récits fondateurs par l’adoption de ces cultes dans les peuples méditerranéens ou orientaux.

En apparence, ça se ressemble ; quand on creuse, les différences sont nettes et tout s’effondre.

Le premier coup mortel porté au paganisme antique le fut par Philippe de Macédoine à la bataille de Chéronée en 338 avant Jésus-Christ face à la coalition des Cités grecques. La défaite des Cités mit en évidence l’impuissance de leurs divinités à les défendre. Les cultes civiques, essentiellement fonctionnels (fertilité, fécondité, force armée et sauvegarde de la cité) sont remis en cause et renvoient chacun à des besoins religieux nouveaux qui apparaissent : puisqu’on ne se sauvera plus ensemble (religion civique), on se sauvera tout seul (religion à mystère, sotériologique).

Quand le christianisme apparaît, le paganisme officiel est déjà en décadence depuis 400 ans et ne trouve de vitalité que dans les cultes à mystères, souvent orgiaques.

En fait, ces théories très connues qui font du christianisme une religion qui aurait délibérément emprunté aux religions païennes, à partir d’un fond issu du judaïsme pour mieux se diffuser est faux. Pourquoi ? Parce que les sources disent le contraire et parce que, correctement analysés, les faits ne sont pas ce qu’ils semblent être.

Pour faire une analyse correcte, il faut commencer par décrire la situation exacte du paganisme, au 1er siècle, dans les différentes provinces romaines au moment où le christianisme s’y implante. Il faut évidemment relier cette apparition du christianisme, à l’importance démographique et culturelle de la communauté juive qui y vit aussi.

Surtout, il faut s’intéresser aux hommes et à leur parcours spirituel, intellectuel, religieux. Tel père apostolique, tel évêque était-il initié à un culte à mystères ? Y avait-il seulement accès (comprendre : l’existence d’un tel culte est-elle attestée, qui soit contemporain et qui aurait pu réellement influencer tel ecclésiastique ?). Quand on croise toutes ces informations, toutes ces théories s’effondrent. Soit parce que les cultes à mystères ne sont attestés que bien après la fondation de la communauté chrétienne locale ; soit parce que les évêques sont d’origine juive ou de famille depuis longtemps chrétienne et n’avaient aucune raison d’être intéressés ou informés par ces cultes.

Je prends l’exemple de Mithra : la diffusion de son culte suit les routes militaires et commerciales, ses adorateurs se recrutant essentiellement parmi les soldats et les marchands. La sociologie du christianisme est toute autre  et la carte de sa diffusion sensiblement différente. Des ressemblances formelles ne forment pas des correspondances mais des coïncidences.

On pourrait prendre encore l’exemple du culte marial. Les protestants reprochent aux catholiques une manière excessive d’honorer la Sainte Vierge Marie ; certains historiens voient dans la dévotion mariale, une résurgence et un maintien de l’adoration des grandes déesses-mères, très répandu dans l’Antiquité. Il n’en est rien.

Jusqu’à l’édit de Milan, le christianisme est une religion illicite. Le culte s’exerce dans la clandestinité. Clandestinité relative toutefois : certaines provinces ou localités une fois entièrement chrétiennes étaient plus difficiles à y empêcher le culte chrétien, à moins de provoquer un génocide. Pour protéger leur foi, les chrétiens ont célébré leur liturgie en secret, ce qui a souvent fait naître des rumeurs folles sur ce qui s’y passait. Les liturgies en l’honneur de Marie sont en réalité très anciennes, mais elles sont longtemps restées discrètes, y compris pour ne pas donner prise à une confusion avec les cultes aux différentes divinités féminines.

L’origine de la dévotion mariale est scripturaire. Elle commence avec l’évangile selon Saint Luc qui dans son récit de la Visitation cite ce qui semble être une hymne mariale de la liturgie de l’Eglise de Jérusalem : le Magnificat. Marie est toujours nommément désignée et présente aux moments les plus importants du ministère de Jésus-Christ, puis de la naissance de l’Eglise. C’est une manière de souligner l’importance de ce qui se passait et de révérer la mémoire de Marie.

Ce que les évangiles et la tradition ont recueilli des paroles et des gestes de Marie est à la fois très ancien et la preuve de l’existence d’un amour particulier des chrétiens des origines pour Marie, en tant que mère du Seigneur, servante du Seigneur et mère des croyants et non pas « déesse de la fécondité ». Là encore, la vie très réelle de la Sainte Vierge n’a rien à voir avec la mythologie propres aux déesses antiques.

Ces liens supposés, devenus une reprise des cultes anciens dans le culte nouveau de l’Evangile, ne sont que des apparences et des explications faciles.

Avec toute mon amitié, cher Wahrani !

Catholique

 

Wahrani a écrit :

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