Cher Wahrani,
Je vous retrouve avec plaisir et j’espère que vous et votre famille vous portez toujours bien.
Je pars de ce passage de votre message précédent qui me paraît être la clé de votre raisonnement.
Depuis de nombreux siècles, certains aspects du christianisme ont été rapprochés dans la forme (le rite) ou dans le fond (le dogme) de telle religion à mystère, de telle philosophie antique. Je crois que cela commence d’ailleurs dès le livre des Actes des Apôtres, avec la prédication de Paul auprès de peuples grecs qui se méprennent sur la résurrection ou sur la nature humaine des apôtres…On continuera avec l’apologétique chrétienne, celle de Justin et d’Origène qui eurent à répondre et corriger ce que des païens affirmaient ou tordaient pour discréditer la foi chrétienne.
Aujourd’hui, on veut voir le christianisme comme l’agglomération de pratiques et de croyances de cultes antiques aujourd’hui disparus. Sauf que cela repose sur des coïncidences formelles et des rapprochements infondés.
Pour une raison très simple : les lieux, les époques et les hommes ne correspondent pas et rendent ces rapprochements impossibles, parce que pour qu’il y ait « contamination », il faut qu’il y ait un contact humain. Or, parmi les auteurs chrétiens, on ne connaît guère d’initiés à des cultes à mystère. Augustin fut manichéen, il n’en fit aucun mystère (ce jeu de mots est pourri).
Les auteurs chrétiens les plus anciens, les évangélistes, les pères apostoliques étaient issus de famille juive qu’on peut difficilement soupçonner de sympathie polythéiste, ou étaient nés dans des familles déjà chrétienne. Leurs écrits étaient donc purs d’influence païenne. Il y eût beaucoup de païens convertis au christianisme. Mais le fruit de leur conversion était bien l’abandon de leurs anciennes pratiques et pas la transposition de l’ancien dans le nouveau (ce qui n’aurait eu aucune utilité).
Les cultes antiques de l’époque pharaonique étaient forts différents de ceux de l’époque romaine. La situation religieuse de l’Empire romain ne peut être plaquée sur des réalités qui ont fortement évolué au fil des siècles.
Les cultes païens ont connus eux aussi, une évolution humaine et historique. Prenons le cas d’Attis et de Cybèle.
Attis est le parèdre de la déesse Cybèle et c’est en lien avec la mythologie qui lui est propre qu’il faut comprendre son évolution. Cybèle et Attis ont été adorés d’abord dans l’actuelle Turquie vers 1600 avant notre ère, sous une forme rituelle et mythologique donnée dont la résurrection d’Attis était absente. Le culte de Cybèle va ensuite se propager sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, pour arriver à Rome au 2ème siècle avant notre ère.
A chaque fois que ce culte est adopté par un nouveau peuple, la mythologie qui y est reliée est modifiée, adaptée aux valeurs propres au nouveau peuple-hôte. En l’occurrence, la déesse Cybèle sera, pour les Grecs, la gardienne des archives publiques ; là où, pour les Romains, elle sera gardienne du foyer et de la chasteté des épouses. Attis, parèdre de Cybèle, sera tantôt le fils de Cybèle et tantôt son amant. La dernière évolution de cette religion avant qu’elle ne disparaisse, c’est à l’époque chrétienne.
Devant le succès grandissant du christianisme, les cultes païens qu’ils soient civiques ou à mystères, essaient de s’adapter : les prêtres du culte de Cybèle, qu’on appelle les « galles », vont littéralement imiter la liturgie chrétienne en inventant une « semaine sainte d’Attis », imitée de la « Semaine sainte » chrétienne, avec la même veillée en l’honneur de la « résurrection d’Attis ».
En réalité, ce sont les cultes païens qui ont essayé de se renouveler en empruntant à la religion nouvelle et « successful » soit des formes cultuelles (baptême, partage du pain) soit des formes spirituelles (foi en la résurrection, prière personnelle) pour tenter de survivre.
Quant au culte de Mithra, il a été oublié pendant 1500 ans. C’est l’archéologie qui a retrouvé au 18ème siècle, les mithraeums abandonnés avec la disparition du culte. Mais là aussi, le lien avec le christianisme ne repose sur rien de concret : les adorateurs de Mithra étaient surtout des soldats et des commerçants. Les lieux de culte étaient nombreux dans les villes de garnison et suivaient les routes militaires ou commerciales. IL est attesté en Syrie…à des dates largement postérieures à l’apparition du christianisme… Le culte de Mithra n’a produit aucune littérature, aucune exégèse et n’avait aucun texte fondateur. Son culte était fondé sur le strict secret des initiés sur leur religion. C’est bien pour cela qu’il est tombé dans l’oubli : il n’a laissé aucune trace, si ce n’est des lieux souterrains. Le christianisme, c’est exactement l’inverse : un culte pour tout, sans distinction, sans secret.
Ces rapprochements sont en trompe-l’œil : ils comparent des situations séparées de plusieurs siècles, de plusieurs empires et sans lien humain entre elles. Ces affirmations ne résistent pas à une analyse plus minutieuse, quand on se demande quelle était la situation religieuse à telle date, à tel endroit pour établir s’il y a pu y avoir des relations d’influence entre les hommes qui, à ce moment-là, dans ce lieu-là, avait le pouvoir d’infléchir définitivement une foi qui était déjà tenue depuis des générations, par des milliers d’autres personnes…
Ici aussi, je m’arrête un moment. C’est vrai que c’est un titre modeste « Fils de l’Homme ». C’est aussi un titre messianique, d’origine prophétique, comme « Emmanuel » ou « Prince de la paix ». Il vient du prophète Daniel en 7, 13. Il n’est en aucun cas la négation de la divinité de Jésus mais bien le sceau de sa messianité.
Jésus a laissé à ses disciples, des signes de sa
divinité tout au long de son ministère public. Mais il a parlé à ses disciples
dans la langue qu’eux-mêmes connaissaient : celle de
Pour « repérer » ces passages, il faut s’attacher à la réaction des témoins, qu’ils soient apôtres ou tout venant : ils sont saisis de la crainte sacrée devant la présence du Dieu saint.
Mt 7, 28
Mt 8, 27 ; Mc 4, 40 ; Lc 8, 25
Pour récapituler ce que j’ai pu écrire dans ce message
et le précédent, Jésus n’affirme pas sa divinité comme une exigence d’être
adoré, il ne la revendique pas comme un droit sur autrui. Il la dévoile avec
sagesse et miséricorde : Il se fait connaître dans la réalité de son être
divin, en parlant le langage que l’Esprit Saint parle depuis 2000 ans déjà,
celui de
Maître et auteur de
Amen !
Catholique
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