9.12.2020

Catholique a ecrit

Bonjour Wahrani,

Comme je me suis posée la question à propos d'Israël, je pourrais poser la même question "juif, qu'est-ce que ça veut dire ?"

Vous le savez certainement, l'origine du mot est latine, "judaeus" et désigne un habitant de la Judée, un Israëlite de la tribu de Juda. Le sens plus large qui est celui d'aujourd'hui englobe donc différentes notions, initialement étroites.

Le peuple d'Israël s'est finalement réduit à la portion congrue, au fil de l'histoire : d'abord par le schisme du royaume en 2, entre royaume de Juda (autour des tribus de Juda et Benjamin) et royaume d'Israël (les autres tribus). Avec la fin du royaume d'Israël, les 10 tribus ont été dispersées. Le royaume de Juda sera à son tour balayé pour être intégré à des puissances impériales supérieures. Les Judéens vont poursuivre leurs destin local, avec ce qui reste de la tribu de Benjamin et de Lévi (pour le service du culte). Aujourd'hui, ici et là, on trouve des communautés crypto-juives qui ont vécu des siècles dans l'isolement et dans lesquelles, Israël veut voir des descendants des 10 tribus perdues (vous avez un beau film là-dessus "Va, vis et deviens").

La Loi fait-elle le juif ? Ou le Temple ? Ou la Terre ? Ou la généalogie ? Il nous faudrait un interlocuteur juif qui nous présenterait sa connaissance des choses pour en avoir le cœur net.

Comme dans bien des religions et dans bien des peuples, il y a certainement une part de reconstruction, de relecture de l'histoire, et de fiction dans ce que le peuple juif veut bien savoir de lui-même.

Dans la Bible catholique (et elle est la seule à le faire), la seule occurrence du mot "judaïsme" dans l'Ancien Testament apparaît dans le 2ème livre des Macchabées 2,21 ; 8,1 & 14, 38. Le livre autant que les évènements qu'ils relatent sont datés : nous sommes au 2ème siècle avant notre ère, sous l'empire Séleucide. De ces 3 mentions, on retiendra qu'elles parlent : de défense du judaïsme, de fidélité au judaïsme et du judaïsme comme une accusation qui conduit à la mort. C'est donc un mot qui naît pour décrire un péril extrême, une cause qui conduit au martyre.

Israël a aussi souvent loupé son histoire d'amour avec Dieu : l'établissement d'une monarchie fut un échec et sans doute, le plus grand de ces échecs est le rejet du Christ-Jésus, le Messie annoncé par les prophètes d'Israël, dans une Révélation que le peuple d'Israël a conservé, transmis, commenté...et jamais complètement comprise. Le peuple juif a choisi de restreindre son histoire et son accès à l'universel. C'est ce qui a conduit l'Eglise a se considérer comme le nouvel Israël et le "verus Israël" (c'est d'ailleurs vrai à plus d'un titre et à notre grande honte :  nous partageons cette histoire parfois poisseuse faite d'idolâtrie, d'infidélité et de graves déviances).

Non, pas chez les juifs ou pas uniquement chez eux. Dieu a trouvé cet homme selon son Cœur : Abraham. Puis il a trouvé Isaac et Jacob. Il a trouvé Moïse qui se cachait pour ne pas faire face aux conséquences de ses actes et David, dont une aïeule était moabite. Il a trouvé Job et Rahab, la prostituée. Jésus a trouvé la Samaritaine et le centurion romain. Aucun n'était à proprement parler juif : ils étaient juste dans l'humanité.

Mais Dieu a confié la révélation de sa Parole et sa prophétie à un peuple, pour en garantir l'unicité. Dieu n'a qu'une parole et elle est donnée à tous (Ps 147,8) parce que la volonté de Dieu est de rassembler tous les hommes autour de cette Parole unique. C'est pourquoi je ne peux accepter l'idée que Dieu aurait envoyé à chaque peuple, un avertisseur ou un prophète : chacun peut s'accrocher à cette parole particulière et se retrancher sur son histoire propre (comme le peuple juif le fait).

Le contenant (le peuple juif, la Bible) peut nous présenter un visage enlaidi par toutes sortes d'épreuves ou de vicissitudes, ou d'insuffisances très humaines, le contenu reste imprégné de la sainteté de Dieu.

Je vous souhaite un bon dimanche !

Catholique

 

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Wahrani a écrit :

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