3.06.2021

Catholique a ecrit :

 Bonjour cher Wahrani,

Pour bien comprendre le sens de l’Ecriture, il faut l’aborder avec la méthode appropriée et un cœur ouvert à la présence de Dieu.

Quels sont les fondements ? Les 2 essentiels :

- lire l’Ecriture à la lumière du Christ mort et ressuscité ;

- lire l’Ecriture dans l’unité de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Cela signifie qu’on ne prend JAMAS un verset biblique, quel qu’il soit, pour l’interpréter à partir de lui-même, en l’isolant du reste de l’Ecriture.

Revenons donc à 2 Cor 11, 14. Pour bien comprendre ce verset, il faut convoquer plusieurs passages de l’Ancien comme du Nouveau Testament dont finalement, dans ce verset saisissant, Saint Paul fait la synthèse : Genèse 3, 1-15 ; Isaïe 14, 12 ; Job 6, 1-12 ; Mt 4, 1-11 et surtout Jean 8, 44.

On y apprend que Satan est meurtrier et père du mensonge (Jn 8, 44) ; que sa lumière apparente dissimule sa noirceur intrinsèque qui est la source de sa défaite. La lumière qu’il porte (en latin « Lucifer ») n’est attachée qu’à des pouvoirs terrestres profondément hostiles à Dieu (Mt 4, 1-11) et voués à la destruction (Is 14, 12) et que son pouvoir est limité par Dieu (Job 1, 6-12). Son objectif d’ « adversaire » qui est la signification de son nom, est de détourner chacun de la fidélité à Dieu, en faveur de ses promesses mensongères et meurtrières (Gn 3 et Mt 4).

Partant de là, le verset de Paul est le résumé de tout ce qu’il y a à retenir de Satan, pour le reconnaître et le mettre en fuite : Satan se donne toute l’apparence du beau et du bien pour s’opposer à Dieu de toutes ses forces.

Privé de cette analyse, dès que vous voyez un ange, vous voyez Satan et votre long développement qui fait de chaque intervention de Dieu, en faveur des siens et de Son Evangile, devient pour vous, une manifestation de Satan !

En réalité, il est question de la Providence divine dans les passages que vous citez, de la façon dont elle s’exerce contre toutes les dominations de ce monde. Et sans doute, c’est aussi de cela qu’il est question dans la conversion de Paul, cette étonnante façon de faire qui n’appartient qu’à Dieu, qui choisit toujours ceux qui ont le CV le plus inapproprié pour « faire le job ». Dieu a une grosse préférence pour les pauvres types.

Au sujet des différents récits de libération miraculeuse des apôtres Pierre, Jean et Paul qu’on trouve dans les Actes, on convoquera, dans l’Ancien Testament, les nombreux récits de délivrance par intervention providentielle de Dieu : l’exfiltration de Loth hors de Sodome, la libération du patriarche Joseph, l’histoire de Daniel et de ses 2 compagnons dans la fournaise, celle de Tobie et de Sarra guidés par l’ange Raphaël, celle de Suzanne libérée d’une accusation mensongère.

Dans tous ces exemples, comme dans les récits des Actes des Apôtres, Dieu agit en libérateur, libération qui devient féconde et source de vie. Les dominations qui s’opposent à Dieu dans ces récits (Pharaon, les empereurs babyloniens, les démons ou les hommes de pouvoir) sont vaincues : elles ne parviennent pas à arrêter ni la parole ni l’action de Dieu. C’est ce que l’on voit à l’œuvre en faveur des apôtres qui sont victimes de la collusion des autorités juives et romaines mais que Dieu libère : personne n’arrêtera l’Evangile.

Paul en est aussi un exemple et je crois qu’il y a une grande erreur d’approche : l’activité missionnaire de Paul occupe une large partie du livre des Actes et avec ses lettres, son œuvre constitue la moitié du Nouveau Testament. 

Du coup, on a exagéré son importance en faisant de lui «l’inventeur du christianisme ». Ce qu’il faut regarder dans tout le travail apostolique de Paul, c’est l’œuvre de la Providence qui lui permet de parcourir tout l’empire romain pour annoncer l’Evangile à des peuples aussi éloignés de Dieu qu'il est possible de l'être.

L’Apocalypse, révélée à Jean, est le récit sous forme symbolique de la victoire définitive du projet de Dieu. Il n’y est pas question de juifs désabusés, mais de chrétiens qui sont et seront persécutés par les pouvoirs et dominations de ce monde jusqu’à l’avènement définitif du Royaume de Dieu, dans cette création nouvelle qu’Il nous a promis, depuis Noé (Gn 8, 21).

Les 7 lettres sont autant de mises en garde contre les dangers qui menacent l’Eglise depuis toujours : la foi tiède (Ephèse), la persécution (Smyrne), l’hérésie et la compromission avec l’idolâtrie (Pergame et Thyatire), le conformisme (Sardes) et ainsi de suite.

A travers son langage symbolique et en effet très violent (certaines images sont terrifiantes), Jean nous dévoile la réalité de l’état spirituel de ce monde, derrière le bon ordre du monde et de la société, les vrais serviteurs de Dieu sont exposés à toutes sortes de persécutions et de dangers mortels, à la fausse prophétie, à la fausse royauté qui n’est qu’abus de pouvoir. Le fruit de son analyse, Jean le doit à son amitié avec Jésus, à sa vie auprès de Lui, à son témoignage de la Passion du Christ. Toute l’Apocalypse est en germe dans tout son évangile. Jean est d’ailleurs un des plus fins connaisseurs de l’Ecriture, de toute l’Ecriture puisqu’il nourrit son prologue de sa méditation du prophète Baruch (3, 36-4, 4). 

Quant à la constitution du Nouveau Testament comme un ensemble d’écritures inspirées, elle est attesté assez tôt, dès les pères apostoliques donc la génération qui suit immédiatement celle des apôtres. Saint Jean ayant écrit les derniers livres du NT, c’est lui qui en a clos la rédaction. Mais il en connaissait tous les textes puisqu’il ne fait jamais ou quasiment jamais de redites par rapport aux autres livres : il ne répète aucun des 3 évangiles et quand il écrit, la brièveté de ses missives suggère qu’il considérait qu’il n’avait pas besoin d’ajouter aux lettres et traités des autres apôtres qui circulaient de communautés en communautés. Il va donc à l’essentiel de la raison pour laquelle il prend le calame : dénoncer une attitude contraire à l’Evangile (Diotrèphe dans troisième lettre), mettre en garde contre les personnes et les doctrines qui nient la réalité de l’Incarnation du Fils de Dieu (2 Jean). 

Quant à sa première lettre qui est donc la plus longue, elle semble plutôt être une homélie de Jean, à partir de son propre évangile, comme une aide à la lecture.

Puisque vous me faites la grâce de citer mon Nouveau Testament, je vous remercie en vous offrant une belle parole de votre Coran

« Ne controversez avec les Gens du Livre que de la plus belle sorte, , sauf avec ceux d’entre eux qui auraient fait preuve d’iniquité. Dites par exemple : nous croyons à la descente sur nous opérée, à la descente sur vous opérée. Notre Dieu ne fait qu’un avec le vôtre. A Lui nous nous soumettons » (29, 46) (trad. J. Berque)

Je vous souhaite une belle semaine !

Catholique


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Wahrani a écrit :

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